Blaise Cendrars(1887-1961) .....de Marie

Publié le par premierelmousseron@hotmail.fr

....." Écrire, c'est brûler vif, mais c'est aussi renaître de ses cendres. "...... Né le 1er septembre 1887 à la Chaux-de-Fonds en Suisse d'une mère écossaise et d'un père suisse, Blaise Cendrars s'appelait en réalité Frédéric Sauser. Habitué à voyager dès son plus jeune âge au gré des affaires paternelles, il fugua (enfin ce n'est pas sûr) à 16 ans et prit le premier train venu qui l'emporta jusqu'à Moscou où il fût apprenti chez un horloger. Puis d'autres trains, des paquebots, des avions, des automobiles le menèrent aux quatre coins du monde, de l'Inde au Brésil, de New-York à Paris, de Bruxelles à Londres. Pour survivre, il fît plusieurs métiers, apiculteur, scénariste à Hollywood, cultivateur de cresson, vendeur de cercueils, de couteaux de poche, de tire-bouchons...
 Il revient à Paris en 1907 et vit la bohème, fraye avec tous les milieux, fréquente tout le monde. Ce boulimique de vie aimait brouiller les pistes et raconter des histoires, créant au gré de ses voyages et de ses humeurs, sa légende personnelle. Ne prétendait-il pas avoir partagé une chambre minuscule à Londres ou à Bruxelles avec celui qui allait devenir Charlie Chaplin, avoir enfermé des dizaines de manuscrits dans des coffres-forts en Amérique du Sud dont il disait avoir oublié les combinaisons, il poussera même la plaisanterie jusqu'à faire croire au directeur des éditions Mercure de France qu'il fût obligé, pour chauffer un hôtel de Pékin, de brûler des milliers de livres de cette maison d'édition lors du terrible hiver de 1904, alors que l'on est à peu près sûr qu'il n'a jamais mis les pieds dans la capitale chinoise et qu'à cette époque, il était à Moscou. On crut même pendant longtemps que le livre qu'il mettait en tête de sa bibliographie La légende de Novgorod n'existait pas jusqu'à ce qu'un exemplaire de ce poème soit découvert en 1996 chez un antiquaire bulgare. 
 Par contre, on sait que ses débuts furent difficiles au point qu'il vola L'Hérésiarque de Apollinaire sur un étalage de la librairie Stock. Larcin qui le mena tout droit à la prison de la Santé.
 Et si, avec la parution des Pâques à New-York, vînt la reconnaissance, la fortune ne suivit pas pour autant. Néanmoins, cette publication lui permit de se faire un nom et de rencontrer Apollinaire, Soupault, Desnos, Cocteau, Léger, Modigliani, Soutine, Picasso, Chagall, Sati et de se lier d'amitié avec eux. 
Marié en 1914 et père de famille, Blaise Cendrars s'engage dans la Légion quand débute la première guerre mondiale. En septembre 1915, il est grièvement blessé dans l'attaque de la ferme Navarin et perd son bras droit. 
 Mais la guerre ne meurtrira pas seulement son corps, elle changera aussi son regard sur la vie parisienne. Et même s'il continue d'habiter la capitale française où le nom de Cendrars est de plus en plus à la mode, et même s'il multiplie ses activités, travaillant avec Abel Gance sur le film La Roue, puis sur J'accuse, assurant la direction littéraire des éditions de La Sirène, rédigeant articles sur articles, publiant ses poèmes illustrés par Modigliani ou Léger, participant au ballet La Création du Monde, l'agitation du milieu artistique avec ses revendications, ses manifestes, ses proclamations tapageuses, tout cela l'ennuie et il ne s'y reconnaît plus. Alors après sa rencontre avec Oswald de Andrade, peintre brésilien, et Paulo Prado, magnat du café et mécène, Blaise Cendrars s'embarque pour le Brésil. 
 Il a déjà quitté femme et enfants depuis quelques années déjà pour suivre Raymonne Duchâteau, comédienne, et il aspire à de nouvelles aventures, de nouveaux horizons, et le Brésil était à cette époque en plein essor, renvoyant au reste du monde l'image d'un paradis encore intact. 
 À son retour en France, il commence la rédaction du roman L'Or qui sera publié en 1925 et dont le succès immédiat assoit définitivement sa réputation. Puis l'année suivante, c'est Moravagine, dont il prétendra avoir écrit dix-mille pages en une seule nuit, "ma plus belle nuit d'écriture", disait-il.
 Alternant voyages et reportages, poèmes et romans, Hollywood pour Paris-Soir, Espagne, Portugal, de nouveau le Brésil, Blaise Cendrars est un homme pressé. Mais la seconde guerre mondiale éclate et ravage, encore une fois, l'Europe puis le reste de la planète. Aventurier, certes, mais surtout témoin de son temps, Blaise Cendrars s'engage comme correspondant de guerre pour l'armée anglaise.
 Après la capitulation de juin 40, il cesse d'écrire durant trois ans et se réfugie à Aix-en-Provence. Sa plus longue période d'inactivité jusqu'alors. Mais le feu n'est pas mort, la braise reste chaude, prête à raviver ses flammes au moindre souffle. Souffle qui l'emportera en août 1943 et c'est L'homme foudroyé. Premier livre de la série qui verra paraître, La main coupée, puis, Bourlinguer.
Il y aura encore Les lotissements du ciel et La banlieue de Paris avec des photographies de Robert Doisneau. 
 En octobre 1949, il se marie avec Raymonne en Suisse. Modérant ses activités, il termine Emmène-moi au bout monde !... en 56, livre qu'il avait commencé en 47 et l'année suivante paraît sa dernière publication, Trop c'est trop.
Après une attaque qui le paralyse à moitié en 1959, Blaise Cendrars meurt à Paris le 21 janvier 1961. Les Pâques a New York Seigneur, je suis dans le quartier des bons voleurs,
Des vagabonds, des va-nu-pieds, des recéleurs.
Je pense aux deux larrons qui étaient avec vous à la Potence,
Je sais que vous daignez sourire à leur malchance.
Seigneur, l'un voudrait une corde avec un noeud au bout,
Mais ça n'est pas gratis, la corde, ça coûte vingt sous.
Il raisonnait comme un philosophe, ce vieux bandit.
Je lui ai donné de l'opium pour qu'il aille plus vite en paradis.
Je pense aussi aux musiciens des rues,
Au violoniste aveugle, au manchot qui tourne l'orgue de Barbarie,
A la chanteuse au chapeau de paille avec des roses de papier ;
Je sais que ce sont eux qui chantent durant l'éternité.
Seigneur, faites-leur l'aumône, autre que de la lueur des becs de gaz,
Seigneur, faites-leur l'aumône de gros sous ici-bas.
Seigneur, quand vous mourûtes, le rideau se fendit,
Ce qu'on vit derrière, personne ne l'a dit.
La rue est dans la nuit comme une déchirure
Pleine d'or et de sang, de feu et d'épluchures.
Ceux que vous avez chassé du temple avec votre fouet,
Flagellent les passants d'une poignée de méfaits.
L'Etoile qui disparut alors du tabernacle,
Brûle sur les murs dans la lumière crue des spectacles.
Seigneur, la Banque illuminée est comme un coffre-fort,
Où s'est coagulé le Sang de votre mort.
Les rues se font désertes et deviennent plus noires.
Je chancelle comme un homme ivre sur les trottoirs.
J'ai peur des grands pans d'ombre que les maisons projettent.
j'ai peur. Quelqu'un me suit. Je n'ose tourner la tête.
Un pas clopin-clopant saute de plus en plus près.
J'ai peur. J'ai le vertige. Et je m'arrête exprès.
Un effroyable drôle m'a jeté un regard
Aigu, puis a passé, mauvais comme un poignard.
Seigneur, rien n'a changé depuis que vous n'êtes plus Roi. J'ai choisie ce poème car c'est un texte fondateur de la poésie moderne.Il influence Apolinaire et tout le mouvement littéraire qui se crée autour de lui.Ce poème est publié en 1912 sous le titre Les Pâques aux hommes puis en 1919 sous son titre définitif. .
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