Exposé sur Rimbaud par Somaya

Publié le par premierelmousseron@hotmail.fr

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            Arthur RIMBAUD
                            
          Du poète à l'aventurier

Elève surdoué, ami fidèle, amant maudit, mauvais fils, génial poète et génie précoce de la deuxième moitié du XIXè siècle , il achève à vingt ans une œuvre qui bouleverse la poésie de son temps. Sa poésie rompt rapidement avec les courants littéraires que sont le Parnasse et le Symbolisme, elle organise une écriture nouvelle à partir d'une expérience de voyance , mais la théorie qui s'y rattache ne vaut que comme point de départ du travail poétique qui s'élabore toujours de manière autonome et au bout du parcours poétique de Rimbaud, il y a un silence énigmatique qui rejaillit sur l'entreprise d'écriture: l'œuvre du poète est à l'image de sa vie, une aventure, une énigme, un défi. 
           

Son œuvre poétique se compose tout d’abord d’un recueil d’extrême jeunesse : Poésies. En effet, dans ses premiers poèmes en vers, rassemblés en 1891 dans ce recueil, Rimbaud exprime sa colère et sa révolte. Il dit aussi son goût pour la rêverie et l’intensité des premiers désirs amoureux. Epris de bohème et de liberté, il dénonce les injustices, manifeste l’horreur de la guerre et le refus de la société bourgeoise. Mais ses poésies témoignent également, avec « Le bateau ivre » ou « Voyelles », de la recherche d’une écriture nouvelle, fondée sur la fusion des sensations et la multiplication des images étonnantes. Avec Une saison en enfer en 1873 où Rimbaud ironise sur lui-même et Illuminations en 1886, il abandonne la versification. Ses poèmes en prose ont pour but de fixer des vertiges, des images hallucinatoires, pour lesquelles le vers ne convient plus. « Si ce que [le poète] rapporte de là-bas a forme, il donne forme ; si c’est informe, il donne de l’informe. » Rimbaud crée ainsi un univers féerique, un « opéra fabuleux » où le rêve et la réalité se confondent à travers des architectures imaginaires et des moments d’extase et de liberté. Accompagné de Baudelaire et Verlaine, il ouvre ainsi la voix à la modernité de la poésie avec sa sensibilité propre et il impose un renouvellement total avec la suppression de la rime et le passage au vers libre.

 

Il fut surnommé « l’enfant de colère », « l’époux infernal » ou encore « l’homme aux semelles de vent » par son ancien amant Verlaine qui lors de leur première rencontre sera bouleversé, il ne l’oubliera jamais après leur mésaventure et contribuera même à la postérité de l’œuvre de ce génie précoce…

 

Il exprime également sa très profonde admiration envers ce génie dans l’un de ses recueils Les poètes Maudits où il en fait notamment une description. La voici : « l’homme était grand, bien bâti, presque athlétique, au visage parfaitement ovale d’ange en exil, avec des cheveux châtain clair mal en ordre et des yeux d’un bleu pâle inquiétant. »
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On a tous appris par cœur à l’école le célèbre sonnet encore bien sage de Rimbaud : Le dormeur du val. Mais derrière ce poème se murmure un cri de révolte contre l’horreur et l’absurdité de la guerre, l’assassinat des jeunes soldats, le massacre de toute une jeunesse. Une lente approche dans un vallon ensoleillé conduit peu à peu le lecteur devant une découverte macabre qu’on assimilerait à un sommeil paisible. Rimbaud exprime ici son indignation ressentie devant les horreurs de la guerre de 1870. De plus, ce poème exprimant un événement historique est raconté de manière excellente notamment grâce au choc de la révélation finale (la chute) et également peut-être parce que l’auteur a été touché par cet événement.


J’aime tout chez Rimbaud, son œuvre, sa vie, sa personnalité, sa façon de vivre et de penser… « Je est un autre », écrit Rimbaud.

  
           Parmi mes poèmes préférés du poète, il en est un moins connu, je pense, tiré d’un recueil plus ou moins célèbre des Illuminations de 1886 sous le titre de « Conte ». Comme le Prince du Conte , Arthur Rimbaud a rêvé « l’Impossible ». Il se croyait tenu à l’impossible. Mais il n’a pas tenu le coup. Il ne s’est pas évadé. Il n’a su que rêver son aventure ; le Génie sauveur n’a rien sauvé du tout, car il n’avait pas d’existence réelle.

J’ai choisi ce poème en prose car il m’évoque la rêverie, la féerie, l’imaginaire et le conte Effectivement, ce poème est tout d’abord un conte parodique : il y a premièrement des ressemblances avec le conte, Rimbaud reprend ici des éléments caractéristiques du conte avec notamment la structure narrative, le temps des verbes, le champ lexical du merveilleux, les personnages caractéristiques et la morale finale mais il y a également des différences avec le conte : en effet, il détourne certains éléments habituels du conte comme par exemple les personnages négatifs, le dénouement ou encore l’immoralité de l’histoire. Ensuite, dans ce poème, Rimbaud exprime ses désirs notamment sa quête de nouveauté (un désir de « changer la vie » ) ou encore sa quête d’amour car pour lui « l’amour est à réinventer » disait-il, et cela passe par le refus des relations conventionnelles, l’ivresse des sens et la fusion avec l’autre. Enfin, c’est un poème sur le thème de la voyance : en effet, Rimbaud raconte ici une expérience de la voyance, il met en œuvre cette poésie nouvelle qu’il appelait de ses vœux et dont on retrouve de nombreux éléments caractéristiques. On retrouve son affirmation « Je est un autre », sorte de slogan de la voyance à travers l’expression : « Le prince était le Génie. Le Génie était le Prince ». Il montre pour finir l’échec de la voyance car pour lui la réalité dont on veut s’échapper à chaque fois réapparaît, le Prince des Poètes finit par mourir, le poème s’achève sur l’expression d’une déception avec notamment l’inutilité de l’imaginaire, la musique perdue et le renoncement de la poésie : le Prince mourant, ne serait-ce pas Rimbaud, avec déjà des idées d’abandon de la poésie, de mort littéraire ?

Voici ce poème :

 

                                                         Conte

           

Un Prince était vexé de ne s'être employé jamais qu'à la perfection des générosités vulgaires. Il prévoyait d'étonnantes révolutions de l'amour, et soupçonnait ses femmes de pouvoir mieux que cette complaisance agrémentée de ciel et de luxe. Il voulait voir la vérité, l'heure du désir et de la satisfaction essentiels. Que ce fût ou non une aberration de piété, il voulut. Il possédait au moins un assez large pouvoir humain.
     Toutes les femmes qui l'avaient connu furent assassinées. Quel saccage du jardin de la beauté! Sous le sabre, elles le bénirent. Il n'en commanda point de nouvelles. − Les femmes réapparurent.
     Il tua tous ceux qui le suivaient, après la chasse ou les libations. − Tous le suivaient.
     Il s'amusa à égorger les bêtes de luxe. Il fit flamber les palais. Il se ruait sur les gens et les taillait en pièces. −La foule, les toits d'or, les belles bêtes existaient encore.
     Peut-on s'extasier dans la destruction, se rajeunir par la cruauté! Le peuple ne murmura pas. Personne n'offrit le concours de ses vues.
     Un soir il galopait fièrement. Un Génie apparut, d'une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien ressortait la promesse d'un amour multiple et complexe! d'un bonheur indicible, insupportable même! Le Prince et le Génie s'anéantirent probablement dans la santé essentielle. Comment n'auraient-ils pas pu en mourir? Ensemble donc ils moururent.
     Mais ce Prince décéda, dans son palais, à un âge ordinaire. Le prince était le Génie. Le Génie était le Prince.
     La musique savante manque à notre désir.

Pour moi, la poésie de Rimbaud c’est l’art d’animer les formes et les couleurs, c’est la jeunesse et les rêves, c’est laisser cours à son imagination, rêver de ses descriptions et s’envoler dans son quotidien et son imagination débordante !

Je terminerai par l’une de ses citations que je préfère :

          "  Ce qui fait ma supériorité, c’est que je n’ai pas de coeur "

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